Psilocybine

La psilocybine est le principe actif des « champignons magiques », présentes dans de nombreuses régions du monde, principalement dans les climats tempérés et tropicaux. De plus en plus d’expert·e·s préfèrent aujourd’hui éviter le terme « hallucinogène », considéré comme réductionniste et chargé historiquement. En effet, cela occulte la richesse de leurs effets, par exemple, émotionnels, cognitifs, existentiels, thérapeutiques. Consommés pour leurs effets psychédéliques, ces champignons peuvent provoquer des expériences sensorielles et cognitives intenses. Ainsi, la psilocybine transforme la façon dont on perçoit son environnement, modifie les émotions et altère la pensée, entraînant des expériences sensorielles et cognitives intenses.

Fait partie des substances :

  • Hallucinogènes
    Un hallucinogène est une substance psychotrope qui provoque des hallucinations ou, à doses courantes, modifie perceptions, pensée et humeur. Elle ne cause toutefois pas de confusion mentale durable ni de troubles de la mémoire. La plupart des hallucinogènes agissent notamment sur les récepteurs de neurotransmetteurs. Cela provoque une expérience appelée état modifié de conscience.

Descriptif de la substance

La psilocybine est un pro-psychotrope. Après ingestion, elle est rapidement métabolisée en psilocine, provoquant l’activation de réseaux neuronaux liés aux perceptions et à l’humeur [1]Dodd, S., Norman, T. R., Eyre, H. A., Stahl, S. M., Phillips, A., Carvalho, A. F., & Berk, M. (2023). Psilocybin in neuropsychiatry : A review of its pharmacology, safety, and efficacy. CNS Spectrums, 28(4), 416‑426. Cette molécule se trouve dans des champignons poussant dans la nature. Ces derniers sont consommés depuis des siècles par les cultures indigènes pour soigner, dans des cérémonies et/ou rituels, ainsi que pour leurs effets hallucinogènes. Ils peuvent être consommés frais ou séchés.

La psilocybine se retrouve également dans les “truffes magiques”, qui correspond à des structures de réserve que certains champignons forment sous terre, ce sont des masses compactes de mycélium (réseau racinaire des champignons)..

Types de consommation

La psilocybine se consomme principalement de deux façons :

  • Orale : ingestion des truffes, de champignons frais ou séchés, infusion en « thé ».
  • Microdosage : prise journalière d’une fraction (0,1–0,3 g de champignons séchés) dans un cadre thérapeutique ou expérimental.

La combustion (fumer) provoque la dénaturation de la psilocybine et par conséquent détruit le principe actif psychotrope de la molécule. Enfin, aucune autre voie de consommation (inhalation, injection) n’est documentée pour la psilocybine [2]Champignons hallucinogènes : Fiche drogue | www.euda.europa.eu. (s. d.).

Effets de la substance

Les expériences commencent 20 à 40 minutes après ingestion avec le pic après 60 à 90 minutes et les effets durent 4 à 6 heures.

Ceux-ci incluent :

  • Initialement nausées
  • sensation de chaud
  • palpitations, vertiges
  • dilatation des pupilles
  • Altérations sensorielles (modification de la perception, hallucinations visuelles, synesthésies)
  • Émotions amplifiées, sensations intensifiées, lucidité et clarté émotionnelle, sentiment général de lien avec la nature et l’univers, temps dilaté [3]Daniele Zullino. Psilocybine. HUG.

Cadre légal

En Suisse, la psilocybine est classée comme substance psychotrope prohibée de l’annexe D selon l’Ordonnance sur les tableaux des stupéfiants (OTStup-DFI), qui découle de la Loi sur les stupéfiants [4]LStup ; RS 812.121. Cela signifie que son usage, sa détention, sa fabrication ou sa vente sont interdits, sauf autorisation explicite dans un cadre scientifique ou médical strictement contrôlé.

Actuellement, la psilocybine n’est pas disponible à des fins thérapeutiques standard, mais peut être administrée sous autorisation exceptionnelle de l’Office fédérale de la santé publique (OFSP), dans le cadre d’études cliniques ou de traitements compassionnels (notamment en psychiatrie pour des troubles résistants).

La détention non autorisée, la culture ou la distribution de champignons contenant de la psilocybine peuvent entraîner des poursuites pénales, conformément à la législation sur les stupéfiants en vigueur

Risques d'addiction

Les études indiquent un potentiel d’abus très faible. La psilocybine ne crée pas de dépendance physique et la tolérance se développe rapidement (nécessitant une semaine sans ingestion pour la dissiper), limitant le risque de mésusage chronique. Les enquêtes épidémiologiques rapportent des taux extrêmement bas de recherche de traitement pour dépendance à la psilocybine [5]Passie T. The abuse potential of medical psilocybin according to the 8 factors of the Controlled Substances Act. Neuropharmacology. 2018;142:18–20.

Risques associés

La consommation de psilocybine comporte principalement des risques psychologiques :

 

Les effets physiques sont généralement transitoires et modérés :

  • Nausées et vomissements dans la phase d’absorption
  • Maux de tête
  • Palpitations ou accélération du rythme cardiaque

La surveillance de l’état psychologique et la présence d’un cadre rassurant réduisent considérablement ces risques.

 

 

 

Risques sociétaux

L’un des principaux risques sociétaux liés à la psilocybine est la cueillette sauvage de champignons hallucinogènes. De nombreuses espèces toxiques, comme l’amanite phalloïde, peuvent être confondues avec des champignons contenant de la psilocybine, ce qui expose les usagers et les usagères à des intoxications potentiellement mortelles en cas d’erreur d’identification [9]Gress, J. & Spoerke, D. G. (2006). Mushroom poisoning: A prolonged illness. American Journal of Emergency Medicine, 24(1), 111–113.

Par ailleurs, dans un contexte non médical, l’absence de contrôle de qualité (dosage imprécis, environnement non sécurisé, absence de supervision) peut conduire à des usages inappropriés, voire dangereux, notamment chez les personnes vulnérables psychologiquement. Les expériences très intenses ou mal encadrées peuvent également provoquer des comportements à risque pour soi ou pour autrui (désorientation, traversées de routes, chute depuis une hauteur) [10]Carbonaro, T. M., et al. (2016). Survey study of challenging experiences after ingesting psilocybin mushrooms: Acute and enduring positive and negative consequences. Journal of Psychopharmacology, 30(12), 1268–1278, [11]Johnson, M. W., Richards, W. A., & Griffiths, R. R. (2008). Human hallucinogen research: Guidelines for safety. Journal of Psychopharmacology, 22(6), 603–620.

Interactions entre substances