Clonazépam

Le clonazépam est une benzodiazépine à longue demi-vie (30-40h), utilisée comme anxiolytique, anticonvulsivante et myorelaxante. Commercialisé sous différents noms, dont le plus connu est Rivotril®, il est prescrit principalement pour traiter certaines formes d’épilepsie. Il permet de réduire l’excitabilité neuronale et de prévenir les crises [1]Compendium.ch. (s. d.), [2]Clonazepam Label.

Fait partie des substances :

  • Dépresseurs
    Un dépresseur est une substance qui ralentit le système nerveux central, provoquant relaxation et sédation. Utilisés en médecine pour traiter l’anxiété ou l’insomnie, les dépresseurs comme l’alcool ou les benzodiazépines peuvent cependant entraîner une addiction. Avec l’usage régulier, le besoin de doses plus élevées augmente les risques d'addiction et de surdose.

Descriptif de la substance

Le clonazépam induit une inhibition accrue de l’activité neuronale. Contrairement à d’autres benzodiazépines plus fréquemment utilisées pour traiter l’anxiété ou les troubles du sommeil, le clonazépam est avant tout un médicament à indication neurologique, destiné à traiter des troubles comme l’épilepsie ou certains syndromes convulsifs. Il est donc prescrit, en priorité, dans le cadre de prises en charge spécialisées. Il se présente sous différentes formes, notamment en comprimés de 0.25 à 2mg, également en solution buvable et finalement en solution injectable. Il est inodore, incolore et de goût amer.

Types de consommations

Le clonazépam se prend le plus souvent par voie orale, sous forme de comprimés à avaler ou à placer sous la langue (comprimés sublinguaux) pour une action plus rapide.

En cas de mésusage, des voies non recommandées ont été signalées :

 

Effets de la substance

Le clonazépam agit en quelques dizaines de minutes pour calmer rapidement l’anxiété et induire une sensation de détente profonde, souvent décrite comme un « calme intérieur » ou un « brouillard apaisant ». Il procure également une relaxation musculaire marquée, soulageant les tensions et les spasmes.

Chez certaines personnes qui en détournent l’usage, ces effets peuvent être recherchés pour se sentir « planer », gagner en désinhibition sociale ou échapper temporairement aux pensées stressantes. À fortes doses, le clonazépam peut aussi provoquer une amnésie antérograde, c’est-à-dire des trous de mémoire couvrant la période qui suit la prise, et parfois une euphorie légère due au relâchement de l’inhibition. Ces sensations, bien que plaisantes pour certaines personnes, augmentent le risque d’addiction et de comportement à risque [5]Rivotril® (clonazépam) – EPAR Product Information, European Medicines Agency, Section 5.1 “Pharmacodynamic Properties.

Cadre légal

En Suisse, le clonazépam est classé comme stupéfiant de l’annexe A de l’Ordonnance sur les stupéfiants et les substances psychotropes (RS 812.121). Il ne peut être prescrit que sur ordonnance spéciale et sa délivrance est strictement encadrée, avec un suivi médical étroit pour prévenir le mésusage et l’addiction.

Voies d'administration et dosages

Voies d'administrationSeuilLégèreCouranteForteExtrême
Oral0.1 mg0.25-0.5 mg0.5-1 mg1-2 mg2 mg

Durée des effets

Voies d'administrationAttenteMontéePicDescenteTotalEffets résiduels
Oral20-60 minutes-2-4 heures3-6 heures8-12 heures8-48 heures

Risque d'addiction

Le clonazépam peut entraîner une forte addiction, tant sur le plan physique que psychologique. Si l’on arrête brusquement ce médicament, on risque de souffrir de symptômes de sevrage sévères : crises convulsives, hallucinations ou état confusionnel. Pour limiter ces risques, il est conseillé de réduire progressivement la dose, par exemple en la diminuant d’environ un quart chaque semaine, avant d’arrêter complètement.

Risques associés

L’un des dangers majeurs du clonazépam est la dépression respiratoire, c’est-à-dire un ralentissement excessif de la respiration pouvant aller jusqu’à l’arrêt complet, surtout si le médicament est combiné à de l’alcool ou à des opioïdes. À doses élevées, d’autres effets indésirables peuvent survenir :

  • Troubles cognitifs (difficulté à se concentrer, confusion)

 

  • Problèmes d’équilibre et coordination altérée (ataxie), augmentant fortement le risque de chutes et de blessures

 

  • Somnolence extrême, rendant dangereuse la conduite ou l’utilisation de machines

 

En cas de surdosage, ces symptômes peuvent s’aggraver et conduire à un état de coma, voire au décès s’il n’est pas traité rapidement.

Risques sociétaux

Le mésusage du clonazépam alimente un marché noir de benzodiazépines détournées, favorisant le trafic illicite et la distribution non contrôlée de comprimés. Il contribue également à une hausse des admissions aux urgences pour intoxication médicamenteuse, ce qui pèse sur les services de santé et les budgets publics.

interactions entre substances

L’usage simultané de clonazépam avec d’autres substances psychoactives multiplie les risques et peut avoir des conséquences graves :

Opioïdes (héroïne, méthadone, buprénorphine, analgésiques sur ordonnance):

Alcool

  • Comme pour les opioïdes, l’alcool et le clonazépam agissent de façon additive sur le système GABAergique, majorant la sédation, les troubles de la coordination et le risque de dépression respiratoire.

Stimulants (amphétamines, cocaïne, MDMA):

Cannabis

  • L’association avec le cannabis peut entraîner une sédation imprévisible et exacerber les troubles cognitifs et mnésiques.

L’association du clonazépam avec d’autres substances potentialise ses effets dépresseurs, sédatif, ralentissement respiratoire et augmente fortement le risque de complications graves: surdosage, perte de conscience, chutes, défaillances cardiovasculaires ou crises épileptiques. Dans une approche de réduction des risques, les recommandations sont de:

  • Espacer les prises: éviter de combiner clonazépam et autres dépresseurs le même jour, pour laisser le temps à chaque substance de se métaboliser.

 

  • Tester progressivement: débuter par de très faibles doses si une combinaison est inévitable, et attendre au moins 2 heures entre chaque prise.

 

  • Ne pas rester seul·e: consommer en présence d’une personne sobre capable de réagir en cas de malaise.

 

  • Avoir un plan d’urgence: garder à portée un antidote approprié (ex. naloxone si opioïdes), et connaître les numéros d’urgence.

 

  • Utiliser des tests de pureté: quand c’est possible, vérifier l’absence d’impuretés ou de substances non désirées (permanence de drug checking).

 

  • Consulter un professionnel·le·s : en cas de consommation régulière de plusieurs dépresseurs, demander un accompagnement pour évaluer les risques et planifier une réduction éventuelle (annuaire).

Ces mesures permettent de limiter la gravité des incidents et d’améliorer la sécurité des personnes pratiquant une polyconsommation [8]European Drug Report 2024: Trends and Developments – EMCDDA, Chapitre “Polydrug Use and Harm Minimisation, [9]Harm Reduction International: Principles of Good Practice for Harm Reduction (2022), [10]SAMHSA Treatment Improvement Protocol (TIP) 63: Medications for Opioid Use Disorder – U.S. Substance Abuse and Mental Health Services Administration, Chapitre “Overdose Prevention, [11]GREA – Groupement Romand d’Études des Addictions, Service de réduction des risques (accès aux kits naloxone et accompagnement).

Colones visibles

Interactions entre substances

Autre substanceDangerosité
DepressantDangereux
DissociatifsDangereux
StimulantsVigilance