Quétiapine

La quétiapine (Seroquel®) est un antipsychotique atypique prescrit pour la schizophrénie, le trouble bipolaire. En plus de ses effets antipsychotiques, la quétiapine possède également des propriétés sédatives marquées, ce qui explique qu’elle puisse être utilisée, parfois en dehors des indications officielles, pour traiter des troubles du sommeil.

Fait partie des substances :

Descriptif de la substance

La quétiapine bloque certains récepteurs du cerveau liés à la dopamine et à la sérotonine, ce qui agit sur l’humeur, les émotions et le comportement. Elle bloque aussi des récepteurs responsables de la somnolence (histaminique) et de la baisse de tension [1]Kim, S., Lee, G., Kim, E., Jung, H., & Chang, J. (2017). Quetiapine Misuse and Abuse : Is it an Atypical Paradigm of Drug Seeking Behavior? Journal of Research in Pharmacy Practice, 6(1), 12‑15, [2]Compendium.ch. (s. d.).

Elle se présente sous forme de comprimés pelliculés de 25 à 400 mg de différents code couleur selon le fabricant [3]Compendium.ch.

Types de consommation

La voie orale reste la plus répandue (comprimés avalés). Toutefois, des mésusages par inhalation de poudre (comprimés écrasés) pour un démarrage plus rapide de l’effet, et même par injection intraveineuse de solution de comprimés dissous, ont été rapportés, augmentant la biodisponibilité et la profondeur de la sédation [4]Kim, S., Lee, G., Kim, E., Jung, H., & Chang, J. (2017). Quetiapine Misuse and Abuse : Is it an Atypical Paradigm of Drug Seeking Behavior? Journal of Research in Pharmacy Practice, 6(1), 12‑15.

Effets de la substance

Les usagers et usagèrent rapportent une somnolence marquée et une sédation profonde, souvent perçues comme une diminution de la vigilance et un ralentissement cognitif (« état d’off mental »). Ces effets s’accompagnent fréquemment d’une réduction de l’anxiété et des ruminations mentales [5]Compendium.ch. (s. d.).

Cadre légal

En Suisse, son usage est strictement encadré et elle est disponible uniquement sur ordonnance médicale, compte tenu de ses effets secondaires potentiels et du risque de mésusage observé dans certains contextes [6]LStup RS 812.121. L’usage hors AMM pour l’insomnie est illégal sans prescription [7]RS 812.121 – Loi fédérale sur les stupéfiants – Fedlex.

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Risques sociétaux

La quétiapine fait l’objet d’un trafic illicite sous des appellations de rue telles que « Susie-Q » ou « Baby Heroin » [8]Quétiapine : Drogue d’abus? | INSPQ. (s. d.). Institut national de santé publique du Québec.

Dans certains cas, la quétiapine est combinée à d’autres substances comme la cocaïne pour potentialiser ses effets, un mélange connu sous le nom de « Q-ball », qui expose à des risques accrus. Son usage récréatif conduit à de nombreuses hospitalisations, accidents domestiques et coma médicamenteux, notamment chez des usagers et usagères recherchant un « downer » facilement accessible.

Bien que la quétiapine ne soit pas officiellement classée parmi les substances à risque d’addiction, elle peut faire l’objet de mésusage et entraîner une addiction, surtout chez des patient·e·s déjà en situation de vunérabilité (usagers de dépresseurs du SNC, contexte carcéral, troubles psychiatriques comorbides). Ses effets sédatifs, parfois recherchés à tort comme « calmant », peuvent conduire à des utilisations non médicales et à des complications sévères. Il est donc indispensable que les prescripteurs évaluent systématiquement le profil de risque de leurs patient·e·s et assurent un suivi rapproché lors de la délivrance de ce médicament.

Interactions entre substances

L’association de la quétiapine avec l’alcool ou d’autres dépresseurs du système nerveux central (benzodiazépines, opioïdes, antihistaminiques) potentialise la somnolence, la sédation et peut conduire à une dépression respiratoire.

Par ailleurs, la quétiapine est principalement métabolisée par l’enzyme hépatique la plus abondante dans notre organisme.

En présence d’inhibiteurs puissants de cette enzyme, la concentration de quétiapine dans la circulation systémique se voit augmentée de 5 à 8 fois; de ce fait, cette association est contre-indiquée. De même qu’il ne faut pas consommer de jus de pamplemousse car c’est un puissant inhibiteur.

À l’inverse, les inducteurs puissants (carbamazépine, phénytoïne) augmentent significativement la vitesse à laquelle le corps, principalement le foie, élimine une substance du sang la quétiapine, réduisant son exposition systémique et pouvant nécessiter une adaptation posologique [2]Compendium.ch. (s. d.).